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    Nyalla
      Article : Comment le Covid-19 a bouleversé la vie d’Omar, chauffeur de taxi
      Coronavirus
      0
      15 juin 2020

      Comment le Covid-19 a bouleversé la vie d’Omar, chauffeur de taxi

      Mondoblog lance le projet Mondoblog, unis contre le Covid-19, pour raconter l’évolution et les conséquences de la pandémie de coronavirus du point de vue des Mondoblogueurs sahéliens.


      Si on recensait tous les secteurs d’activités que le coronavirus a mis à terre, je suis sûre qu’on aurait une liste interminable. Prenons l’exemple des conducteurs de taxis. À Niamey, beaucoup d’entre eux ont perdu des clients, les heures de circulation dans la ville ayant été un temps limitées de 6h à 19h à cause du couvre-feu (entre le 28 mars et le 12 mai). C’est le cas d’Omar, un apprenti chauffeur de 29 ans.

      « Je pouvais rouler jusqu’à 5 kilomètres avant de trouver deux ou trois passagers. Les gens avaient peur du coronavirus, personne ne voulait sortir et partager un taxi. D’habitude, les gens se déplacent le week-end pour les cérémonies de mariages et les baptêmes. Donc en temps normal, j’ai du travail à ce moment-là. Mais là, ce virus a maintenu les gens dans leurs maisons. Et pour respecter le couvre-feu, je devais garer le taxi avant 19h. »

      Le taxi d’Omar.
      Crédits photo : Nyalla

      « Le véhicule ne m’appartient pas, je travaille pour mon patron et je dois lui verser chaque jour 8 000 francs CFA. J’ai aussi des frais de carburant que je dois sortir de ma poche. Donc pour gagner ma vie, je conduis le taxi de 6h du matin à 23h le soir. Mais au moment du couvre-feu, c’était pas possible de travailler tard. Finalement, le gouvernement a allégé les horaires et le couvre-feu est passé de 21h à 5h du matin. Mais il y avait des jours où je ne gagnais que l’argent que je verse à mon patron. »

      En temps normal, Omar gagne entre 20 000 et 25 000 Francs CFA par jour. Mais quand le couvre-feu a été instauré, il finissait souvent la journée avec moins de 10 000 Francs CFA. Face à cette précarité, Omar a garé le taxi, fatigué d’accumuler les pertes.
      « Je n’ai ni femme ni d’enfants mais je suis l’aîné de ma famille. J’ai la responsabilité de mes parents, de mes cinq frères et deux soeurs. Tous comptent sur moi. La ville est endormie depuis l’arrivée du coronavirus et je n’arrive pas à gagner assez d’argent pour contribuer aux dépenses de la maison. »

      La mince recette de la journée.
      Crédits photo : Nyalla

      Omar a commencé à accumuler des dettes auprès de ses connaissances et même de son patron pour pouvoir joindre les deux bouts.
      « Un jour, je suis allé voir mon patron, j’avais besoin de 30 000 francs CFA pour payer des médicaments à ma maman qui est hypertendue. Je crois que je lui ai fait de la peine, il m’a convaincu de reprendre le taxi en me proposant de ne pas lui verser les 8 000 francs CFA jusqu’à ce que les choses s’arrangent. »

      Le problème aujourd’hui, c’est que la situation n’a pas changé, les gens ont toujours peur de sortir sauf en cas de force majeure. Omar, lui, a trouvé une astuce pour ne pas rentrer à la maison bredouille en fin de journée.
      « Comme les marchés n’ont pas fermé, j’ai pris les axes routiers qui vont vers les marchés pour ramasser les commerçants qui partent ouvrir leurs commerces au petit matin. Et à l’heure de la fermeture des marchés vers 17h, je reprends la même route. C’est comme ça que j’ai pu combler un peu mes pertes financières. »


      Alors Omar n’est pas prêt d’oublier le coup de frein que le coronavirus a mis dans sa vie. Aujourd’hui, il pense à une reconversion vers un métier qui résisterait à tous les changements…. 🤔🤔 Quelle réflexion ! Qui aurait cru qu’un virus, encore inconnu il y a quelques mois, serait devenu un tel obstacle sur la route d’Omar, jusqu’à devoir changer de direction ? Qui aurait cru qu’un jour on devrait repenser nos métiers en fonction d’un virus… 

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      Article : Rencontre avec Haoua, créatrice d’un dispositif de lavage des mains innovant
      Coronavirus
      0
      10 juin 2020

      Rencontre avec Haoua, créatrice d’un dispositif de lavage des mains innovant

      Mondoblog lance le projet Mondoblog, unis contre le Covid-19, pour raconter l’évolution et les conséquences de la pandémie de coronavirus du point de vue des Mondoblogueurs sahéliens.


      L’apparition du Covid-19 a d’abord créé un mouvement de panique au sein de la population au Niger. Puis, est venu le temps de chercher des solutions pour faire face à la pandémie de coronavirus. A la télévision, sur les réseaux sociaux, les initiatives pullulent. Tout le monde veut apporter sa pierre à l’édifice de la lutte contre le virus.

      De la confectionneuse de masques, au sensibilisateur de proximité, en passant par les artistes, il existe pléthore de profils. Aujourd’hui, j’ai choisi de vous parler d’Haoua Oumarou Moussa, 24 ans, étudiante en 3e année de droit à A.D.U. (African Development University). Son rêve a toujours été de percer dans le monde dans l’entreprenariat, son père étant lui-même entrepreneur. Grâce au Covid-19, c’est chose faite, elle a créé un dispositif de lavage des mains innovants en mars 2020. Rencontre.

      Haoua Oumarou Moussa, créatrice de Save Them Yourself.

      « Il ne faut pas attendre que les autres fassent ce que tu peux faire toi-même. »
      C’est ainsi qu’Haoua définit le concept de son projet quand elle devine mon regard interrogatif à l’énoncé du nom du dispositif, “Save Them Yourself”. Oui mon anglais n’est pas trop prononcé 😂

      « Save Them Yourself est un projet initié à 100% par des jeunes, dans le but de lutter plus efficacement et de façon efficiente contre la pandémie du Covid-19. »

      De cette idée est donc né un dispositif de lavage des mains innovant : le déclencheur du robinet se fait avec le pied pour que l’usager n’ait pas besoin de toucher le robinet avec ses mains (potentiellement contaminées). C’est un dispositif tout est fer, il est donc résistant à tout type d’environnement que ce soit rural ou urbain, et facile à utiliser.

      Le dispositif de lavage des mains.
      Crédits photo : Save them yourself

      Comment est né le projet ?

      « Depuis le début de cette pandémie, on nous dit que le meilleur moyen d’éviter de contracter ce virus c’est de se laver les mains. Mais à chaque fois que je vais au supermarché ou dans des endroits ayant des dispositifs de lavage des mains, je remarque que la personne doit obligatoirement toucher le robinet pour avoir accès à l’eau. Après avoir terminé de se laver les mains, la même personne refait le même geste pour couper l’eau. Ce qui annule le lavage des mains… En fait, il suffit qu’une seule personne malade utilise le robinet pour contaminer tous les autres utilisateurs qui passeront après lui.
      C’est donc comme ça, en observant ce non-sens, que j’ai commencé à réfléchir à un moyen d’actionner le système d’hybridation des dispositifs sans pour autant utiliser les mains. »

      Après mûres réflexions, le premier prototype a vu le jour le 31 mars dernier. Comment fabriquez-vous ces dispositifs ?  

      « J’ai quatre ateliers de soudure à ma disposition et je travaille avec un petit groupe de jeunes qui partagent ma vision pour la supervision des travaux, les livraisons et la communication. J’ai passé un accord avec le soudeur pour qu’il accepte de fabriquer mon dispositif avec ce que j’avais en poche, en m’engageant à le rembourse juste après la vente. Donc début, j’ai investi 13 000 francs CFA. Grâce à notre première commande, le ministère de la Renaissance culturelle et des Arts, le projet a pu voir le jour. Le ministère nous a versé presque la totalité de la somme pour qu’on puisse réaliser leur commande sans s’endetter. »

      Une innovation déjà installée dans plusieurs établissements.
      Crédits photo : Save them yourself

      Quel est le prix de ce dispositif ?

      « Au début, il était vendu à 35 000 francs CFA mais comme je veux faire en sorte que le maximum de personnes y aient accès, on a pu trouver un terrain d’entente avec les fournisseurs pour ramener le prix à 30 000 francs CFA.
      En ce qui concerne le modèle économique, pour le moment, nous fonctionnons sur fonds propres.

      Est-ce que vous avez un public cible ?

      « Je ne peux pas vous dire clairement car le plus souvent, ce sont des particuliers qui font les intermédiaires entre les sociétés et nous. Du coup, nous n’avons pas la liste des structures clairement établie. On a différents types de clients, des particuliers aux ONG, quelques structures de l’Etat, sans oublier les instituts et les écoles. »

      Le dispositif de lavage des mains qui s’active avec le pied.
      Crédits photo : Save them yourself

      Et jusqu’à aujourd’hui, est-ce que vous fabriquez et vendez beaucoup de dispositifs de lavage des mains ?

      « On fabrique 20 dispositifs toutes les deux semaines. On a besoin de 4 à 5 jours pour la fabrication et le reste pour la liquidation. Mais il y a des moments où la demande est forte, alors on doit compresser le temps de travail. Mais tout ça, c’est une question de tendance car au début on a eu beaucoup de demande, aujourd’hui c’est en chute. Cependant, il reste les marchés et les commandes de grandes quantités pour les grandes structures. Nous avons déjà vendu 76 dispositifs. »

      La jeune entrepreneure ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Son objectif pour les prochains mois est de figurer parmi les femmes les plus influentes du pays. La crise du coronavirus pourrait être le début de la célébrité pour la brillante Haoua.

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      Article : Ma vie au Niger, en temps de Covid-19
      Coronavirus
      2
      8 juin 2020

      Ma vie au Niger, en temps de Covid-19

      Mondoblog lance le projet Mondoblog, unis contre le Covid-19, pour raconter l’évolution et les conséquences de la pandémie de coronavirus du point de vue des Mondoblogueurs sahéliens.


      Je menais ma vie paisiblement avant l’arrivée de la pandémie de coronavirus. Du lundi au vendredi, je passais toute mes journées au boulot. Les nuits, je surfais sur les réseaux sociaux ou je méditais sur tout ce que j’avais observé autour de moi dans la journée pour d’éventuels sujets de reportages que je proposai le lendemain à la conférence de rédaction. Oui, je suis journaliste.

      Mon week-end se partageait entre cérémonies de réjouissances et réunions de famille. Comme l’avaient chanté Amadou et Mariam, le couple de chanteurs maliens, « les dimanches à Bamako, c’est les jours des mariages » 

      J’ai découvert télétravail

      Dans mon secteur, les promoteurs de beaucoup d’organes de presse ont été obligés de mettre une partie de leurs effectifs en chômage technique. Soit pour respecter la distanciation sociale, l’une des mesures préventives contre le coronavirus, soit parce qu’ils ont eu des difficultés à payer les salariés. En effet, à cause du coronavirus, beaucoup d’activités comme les ateliers, les séminaires -qui rapportent de l’argent à ces organes- ont été suspendus, puisque les rassemblements étaient interdits.

      En ce qui me concerne, mes heures de travail au bureau ont juste été réduites depuis que le président, Mahamadou Issoufou, a déclaré l’urgence sanitaire sur l’ensemble du pays, le 27 mars. Et jusque-là, je fonctionne toujours sur ce régime. Le reste du temps, je télétravaille. Ma principale difficulté, c’est la connexion internet, cela ne joue pas en ma faveur, ça bug de ouf 🤦!

      Je dois dire que j’ai quand même utilisé les périodes de temps suspendu pour me reposer, pour me laisser aller à des réflexions personnelles sur des projets futurs… Et ça fait du bien ! Au bout d’un moment tout de même, mes collègues ont commencé à me manquer, je ne pouvais plus écouter leurs histoires délirantes, racontées habituellement au moment des pauses. Ne vous méprenez pas, on bosse sérieusement, mais il y a toujours des moments de relâchement, notamment à la cafétéria..

      Mais je dois avouer que ce rythme m’a soulagée parce que ça me stressait de prendre un taxi pour me rendre au boulot pendant le pic de l’épidémie. Ici, ce n’est pas comme dans d’autres pays que j’ai visités, où le taxi accepte un seul passager. Chez nous, c’est trois passagers sur  le siège arrière et un passager à côté du chauffeur. Tous les conducteurs ne respectent pas les gestes barrières dans les transports en commun. Donc imaginez un peu ma peur lorsque je me suis retrouvée coincée entre deux étrangers à l’arrière du véhicule…

      Après plusieurs semaines, je me rends compte que le plus difficile pour moi pendant cette crise sanitaire, c’est de bien faire mon boulot, sans être déstabilisée par toutes les informations qui courent les rues ou sur les réseaux sociaux. Tu peux lire et entendre les gens dire tout et n’importe quoi, par exemple que le virus ne supporte pas la chaleur, ou que l’ail et le beurre de karité aident à prévenir la maladie. Que de rumeurs qui parfois sèment le doute, même chez les personnes à l’esprit bien lucide, c’est déroutant. Les infox, les fake news, sont plus dangereuses que le virus lui-même !

      J’ai découvert l’effet anxiogène des médias

      Tous les médias ne parlent que du Covid-19 depuis des semaines depuis l’apparition du virus. A chaque conférence de rédaction, le coronavirus vient pointer son nez, je n’en peux plus 😂

      Les médias ont fait leur part en matière de sensibilisation, nous connaissons tous les gestes barrières sur le bout des doigts (enfin théoriquement…). Mais à force de parler du virus en permanence, une certaine psychose s’installe, c’est étouffant, ça paralyse, ça submerge au point d’en oublier de vivre.

      Nous avons compris, nous devons nous habituer à vivre encore quelques temps avec le coronavirus. Par pitié, parlez d’autres choses, réinventons nos Unes de journaux ! Nous avons besoin d’entendre des nouvelles, pas uniquement de tristes nouvelles. C’est la téléspectatrice, l’auditrice et la lectrice qui parle ici !

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      Article : Portrait de Monique, confectionneuse de bavettes en pagne au Niger
      Coronavirus
      2
      3 juin 2020

      Portrait de Monique, confectionneuse de bavettes en pagne au Niger

      Mondoblog lance le projet Mondoblog, unis contre le Covid-19, pour raconter l’évolution et les conséquences de la pandémie de coronavirus du point de vue des Mondoblogueurs sahéliens.


      Le coronavirus a donné un coup d’arrêt brutal à l’économie mondiale, mais certains domaines ont su réagir et s’adapter face à la pandémie. Je fais particulièrement allusion à la mode. De jeunes couturiers stylistes se sont lancés dans la confection et la vente de bavettes de protection, considérées aujourd’hui comme l’ultime rempart face au virus ! L’entreprise de confection de masque est une initiative propice, totalement adaptée à la situation de crise actuelle où tout le monde cherche des bavettes pour se protéger.

      Pour l’écriture de cet article, je suis partie à la rencontre d’une jeune styliste nigérienne, Monique Elysée, couturière autodidacte. Cette jeune couturière est un ancien mannequin, passionnée de mode. En 2010, elle crée sa propre marque, Niqua Créa, et confectionne des vêtements pour femmes et enfants. Dans toutes ses créations, Monique Elysée met en avant le pagne, y compris pour la création récente des bavettes de protection.

      Niqua Créa, Niger, coronavirus, masques, styliste
      Monique Elysée, couturière, créatrice de la marque Niqua Créa.

      Je la connaissais mais sans jamais l’avoir rencontrée. Je la suivais sur les réseaux sociaux depuis un certain temps déjà et ses publications m’avaient tapées dans l’oeil…

      Le design des masques qu’elle confectionne est très original, il allie protection et coquetterie. Cette couturière possède une esthétique bien à elle, dans toutes ces créations, Monique Elysée met en avant le pagne, y compris pour la confection des bavettes de protection. Un pagne, des élastiques et le tour est joué !

      « Niqua Créa » est une marque de vêtements nigérienne, jeune, dynamique et pleine de volonté ! Une passion devenue aujourd’hui un métier.

      Je vous propose de partir à sa rencontre.
      Entretien.

      Masques confectionnés par Monique Elysée, Niqua Créa.

      Comment la pandémie du coronavirus a modifié votre travail quotidien ?

      « La crise du Covid-19 n’a épargné personne, aucun secteur n’est à l’abris d’une telle pandémie. Les frontières du pays sont fermées, personne ne rentre et personne ne sort. Du coup, les commerçants perdent beaucoup de clients, notamment les touristes qui ne sont plus là… En temps normal, les clients achètent nos produits pour les offrir en cadeau, comme souvenir de notre beau pays. »

      Comment est née l’idée de concevoir des masques ?

      « Dans cette affaire du Covid-19, tout le monde perd son temps entre panique et ennui créés par les médias et les réseaux sociaux. Mais très vite la peur surmontée laisse place à une dynamique de recherche de solution (….), c’est comme ça que je me suis lancée dans la confection de bavette pour grands et petits. »

      Exemple de création Niqua Créa.

      Pourquoi vos masques ont-ils une forme particulière ?

      « J’ai voulu pour ces masques une esthétique particulière, en tant que designer, l’aspect esthétique de chaque accessoire est très important pour moi. Le masque c’est la protection et le confort mais on le porte sur soi, donc cela doit aussi être esthétique. Ces masques sont perméables à l’air tout en empêchant le passage des particules. Nos masques ont été validés par les experts de l’offices national des produits pharmaceutiques et chimiques du Niger. »

      Est-ce que ces masques sont accessibles à toutes les bourses ?

      « Je pense que tout le monde mérite d’être protégé car le coronavirus n’a pas de catégories de personne. Les prix de mes masques diffèrent selon les modèles, cela dépend de la coupe et du travail fourni sur chaque masque. Les masques les plus simples coûtent 300 francs CFA et les masques plus élaborés peuvent coûter entre 750 et 1000 francs CFA. Mais la qualité reste la même sur tous les masques, c’est la même matière première et le même niveau de protection.»

      Quelle est votre contribution dans la lutte contre cette pandémie ?

      « Niqua créa a déjà eu à distribuer gratuitement des bavettes. En même temps que nous distribuons nos masques, nous sensibilisons sur les mesures de protection contre le coronavirus. »

      Exemple de création Niqua Créa.

      Le 6 mai dernier, l’Etat du Niger a fait appel aux tailleurs et stylistes locaux pour la production de 10 millions de bavettes, ceci est une première phase de production, il y en aura peut-être un deuxième appel des autorités si nécessaire. Le gouvernement a mis ces masques en vente subventionnée au prix de 100 francs cfa dans les différentes pharmacies du pays.

      Monique Elysée fait partie des jeunes stylistes sollicités :
      « Depuis le 25 mai, j’ai intégré l’équipe qui confectionne des masques pour le gouvernement à coût patriotique. »

      Bien que la confection et vente de ces bavettes ne comblera pas le trou financier que la pandémie a causé, il y a tout de même une satisfaction à faire face à cette situation de crise en se rendant utile. Si je me mettais à la place de Monique, c’est ce que je ressentirais, car, au moins, j’aurai aidé ne serait ce qu’un Nigérien à faible revenu à se procurer une protection au prix de 100 francs cfa. Elle le pense aussi, j’en suis sûre, je le sens à la vue du soin qu’elle met pour fabriquer ses masques.

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      Article : Coronavirus, qui es-tu ? Comment les habitants de mon quartier en parlent
      Coronavirus
      0
      29 mai 2020

      Coronavirus, qui es-tu ? Comment les habitants de mon quartier en parlent

      Mondoblog lance le projet Mondoblog, unis contre le Covid-19, pour raconter l’évolution et les conséquences de la pandémie de coronavirus du point de vue des Mondoblogueurs sahéliens.


      Ce billet est un condensé de témoignages de quelques habitants de mon quartier, Ryad, à Niamey. Je ne suis pas allée bien loin. Comme le proverbe africain qui dit « la chèvre broute là où elle est attachée », toutes les personnes que j’ai abordées appartiennent à mon entourage. Il m’a suffit de jeter un petit coup d’œil autour de moi pour constater que nous sommes tous touchés d’une manière ou d’une autre par ce virus.

      « Je me rappelle de ces moments de fous rires entre amis, quand nous étions sous le grand arbre du quartier ou entassés sur une même natte, ici, devant ma boutique. Ces moments où l’hospitalité était au rendez-vous. Les enfants des voisins venaient jouer chez moi sans crainte. On pouvait tous manger dans les mêmes plats. Ça, c’était avant. Maintenant ce n’est plus possible avec cette malédiction que les Blancs appellent coronavirus. »

      Ce sont là les propos d’El hadj, le boutiquier du quartier. Il a tellement mal prononcé le mot coronavirus que j’ai éclaté de rire !

      El hadj, commerçant du quartier Ryad, Niamey.
      Crédits photo : Nyalla

      Le coronavirus n’a épargné personne, même pas ce jeune amateur du ballon rond, le petit Abdoul, qui chaque soir joue au foot avec ses camarades.

      « Je ne peux plus aller jouer au foot dans la rue avec mes amis. Avant, chaque soir après l’école, on se retrouvait pour s’amuser avec les copains. Tout ça me manque, aujourd’hui, je ne peux que jouer au foot virtuel avec ma console à la maison. »

      Abdoul, enfant du quartier Ryad, fan du ballon rond.
      Crédits photo : Nyalla

      La tristesse du petit Abdoul n’est rien comparée au coup que le coronavirus a donné à nos vies religieuses. Il fut un moment où la messe du dimanche dans les églises était annulée. Les mosquées étaient vides, les fidèles musulmans priaient dans leurs concessions.

      « J’ai été peinée par la fermeture des lieux de cultes. La voix mélodieuse de mon père qui appelait les fidèles à la prière cinq fois par jour était comme une alarme dans le quartier. Ce moment de silence où l’on ne l’entendait plus, je peux sans exagérer le qualifier de supplice »

      Fatoumata, fille du muezzin
      La mosquée de mon quartier, Ryad, a été fermée du 19 mars au 13 mai lors des mesures restrictives.
      Crédits photo : Nyalla

      C’est comme ça que le coronavirus nous a tous bouleversé intimement et dans nos habitudes de vie. Non content de nous priver de tous ces petit plaisirs que l’on pouvait s’offrir, comme par exemple se regrouper en grand nombre pour causer ou s’amuser, il nous a même imposé des dépenses pour nous protéger de lui. Il faut désormais se procurer de bavettes de protection ou encore un désinfectant pour les mains. Mais le désinfectant c’est un luxe que le citoyen lambda nigérien ne peut pas souvent s’offrir.

      Crédits photo : Nyalla

      Parlons de la bavette : depuis l’apparition dans nos vies du coronavirus, le 19 mars 2020, le prix de la bavette dans les pharmacies est passé de 100 à 300 francs CFA. Mais est-ce que les pauvres, les sans-abris qui dorment souvent le ventre vide, peuvent se permettre ce luxe également ? Est-ce que cet enfant abandonné dans la rue, avec 100 ou 300 francs CFA en poche, ne va pas plutôt courir vers le premier stand de vente de nourriture pour ne pas mourir de faim ? La priorité pour beaucoup, c’est de manger… Avant de mourir du coronavirus, on peut mourir de faim.

      Coronavirus, qui es-tu ?

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      Article : Covid-19 au Niger: La population peine à respecter les gestes barrières
      Coronavirus
      2
      27 mai 2020

      Covid-19 au Niger: La population peine à respecter les gestes barrières

      Mondoblog lance le projet Mondoblog, unis contre le Covid-19, pour raconter l’évolution et les conséquences de la pandémie de coronavirus du point de vue des Mondoblogueurs sahéliens.


      Le 19 mars 2020, lorsque le premier cas positif au Covid-19 a été déclaré au Niger, les populations étaient occupées à leur train-train quotidien… Cette annonce fut un choc pour ceux qui pensaient que le coronavirus ne résistait pas aux fortes températures.

      Peu de temps après, le 27 mars, dans un message adressé à la nation, le président nigérien, Mahamadou Issoufou, a décrété l’état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du pays ainsi qu’un couvre-feu nocturne à Niamey, dans le but de limiter la propagation du coronavirus.

      Les mesures restrictives ont très vite suscité la grogne dans les quartiers populaires et périphériques de la capitale. La plupart de ces jeunes réclamaient l’allègement du couvre-feu de 22h à 6h car c’est principalement le soir qu’ils mènent leurs activités, vendent du poulet et des frites aux abords des carrefours.

      Finalement, le couvre-feu n’a pas duré très longtemps, il a été levé le 12 mai. Et c’est peut-être mieux ainsi pour tous ceux qui vivent de l’économie informelle, vendeurs de poulet braisé et autres… Le fait est que le Niger n’est pas très durement touché par le coronavirus, rien à voir avec les pays européens.

      « Depuis que j’ai quitté mon village en 2015, je n’ai d’autre activité que ça. C’est avec mes revenus que je gère ma femme et mes 5 enfants. Mes parents au village ont aussi besoin de moi. J’ai vécu un bouleversement financier pendant le couvre-feu. Et maintenant que j’ai repris, j’ai perdu pas mal de clients »

      Moussa, vendeur de poulet braisé à Niamey.
      Vendeur de poulet braisé, boulevard Mali Béro, Niamey
      Crédits photo : Nyalla

      D’après les derniers chiffres du 26 mai 2020, le Niger recense 951 cas confirmés, 786 guérisons et 62 décès. Chaque jour ces données évoluent, mais heureusement à un rythme bien moins rapide qu’en Europe. Ceci dit, on ne peut pas dire que ce soit grâce au respect des gestes barrières comme la distanciation sociale qui, de toute évidence et comme vous le voyez sur les photos que j’ai prise, ne sont pas respectés au Niger.

      Quartier Liberté, Niamey
      Crédits photo : Nyalla

      Le je-m’en-foutisme des Nigériens face aux mesures préventives

      Quand on se promène dans les rues de Niamey, la première chose qui saute aux yeux c’est que la plupart des gens sortent sans protection aucune. Comme si de rien n’était, comme si aucun virus ne circulait.

      Les cérémonies de mariage ont quand même lieu, certes avec moins d’invités mais le peu de personnes conviées sont souvent assises côte à côte. Ici, la distanciation sociale semble être une notion inconnue. 

      Dans les fadas (regroupements de jeunes), le thé se prend comme d’habitude, avec deux ou trois verres pour une dizaine de personnes, et les mégots de cigarettes passent d’une bouche à une autre.

      Quartier Ryad, Niamey
      Crédits photo : Nyalla

      Je suis jeune comme eux, mais je m’oblige à respecter toutes les mesures barrières ! Quand je pense à mes parents… ils ont pris de l’âge. Je ne me le pardonnerais certainement pas si, par négligence, je leur transmettais ce virus. Sachez-le, les personnes âgées sont les plus exposées, ce sont des personnes à risque. Pour rien au monde, je voudrais les voir souffrir, je ne supporterais pas de les avoir contaminés 😰.

      Pour se protéger, voici quelques gestes simples à adopter : 

      • Se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon ou avec du gel hydro alcoolique
      • Tousser et éternuer dans le creux du coude
      • Maintenir une distance d’au moins un mètre avec les autres
      • Utiliser des bavettes de protection 

      Les personnes qui respectent les gestes barrières sont regardés avec étonnement, presque pointés du doigt, tout simplement parce que beaucoup de personnes ont pris la pandémie avec une légèreté déconcertante. 

      Pourtant, l’Etat et les médias font beaucoup d’efforts pour produire et diffuser des spots de sensibilisation. Ces spots sont émis en français et dans les langues parlées du pays pour que le message puisse passer largement. Malgré cela, beaucoup ne croient pas à l’existence de ce virus. Le coronavirus a boulversé de nombreuses personnes, jusque dans leurs habitudes religieuses. Pendant le Ramadan : pas de prière collective, pas de rupture de jeûne entre amis ou avec la famille proche.

      Pour ma part, j’ai vécu la fête de l’Aïd el Fitr de façon un peu particulière. A la prière collective, j’ai pu constater un mélange de respect et non respect de la distance, les uns avec des bavettes, les autres pas du tout. Tantôt, je voyais les gens se serrer la main pour se saluer, tantôt ils se faisaient juste un signe de respect. Sur le chemin au retour de la mosquée, l’ambiance semblait moins festive que d’habitude, tout était très calme. Cette année, par exemple, je n’ai vu aucun talibé venir quémander à manger. Se sont-ils informés sur le coronavirus ? Ont-ils eu peur d’approcher les gens ?

      Affaire à suivre…

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      Les mots, dénonciateurs des maux

      Auteur·e

      encrepassepartout
      L'auteur: encrepassepartout
      Journaliste de formation, je viens du Niger et j’aime beaucoup voyager. Suivez mes mots à la découverte des maux dans cette aventure de mots Oups! J’ai failli oublié, appelez moi ‘’Nyalla’’
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