Rencontre avec Haoua, créatrice d’un dispositif de lavage des mains innovant

Article : Rencontre avec Haoua, créatrice d’un dispositif de lavage des mains innovant
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10 juin 2020

Rencontre avec Haoua, créatrice d’un dispositif de lavage des mains innovant

Mondoblog lance le projet Mondoblog, unis contre le Covid-19, pour raconter l’évolution et les conséquences de la pandémie de coronavirus du point de vue des Mondoblogueurs sahéliens.


L’apparition du Covid-19 a d’abord créé un mouvement de panique au sein de la population au Niger. Puis, est venu le temps de chercher des solutions pour faire face à la pandémie de coronavirus. A la télévision, sur les réseaux sociaux, les initiatives pullulent. Tout le monde veut apporter sa pierre à l’édifice de la lutte contre le virus.

De la confectionneuse de masques, au sensibilisateur de proximité, en passant par les artistes, il existe pléthore de profils. Aujourd’hui, j’ai choisi de vous parler d’Haoua Oumarou Moussa, 24 ans, étudiante en 3e année de droit à A.D.U. (African Development University). Son rêve a toujours été de percer dans le monde dans l’entreprenariat, son père étant lui-même entrepreneur. Grâce au Covid-19, c’est chose faite, elle a créé un dispositif de lavage des mains innovants en mars 2020. Rencontre.

Haoua Oumarou Moussa, créatrice de Save Them Yourself.

« Il ne faut pas attendre que les autres fassent ce que tu peux faire toi-même. »
C’est ainsi qu’Haoua définit le concept de son projet quand elle devine mon regard interrogatif à l’énoncé du nom du dispositif, “Save Them Yourself”. Oui mon anglais n’est pas trop prononcé ?

« Save Them Yourself est un projet initié à 100% par des jeunes, dans le but de lutter plus efficacement et de façon efficiente contre la pandémie du Covid-19. »

De cette idée est donc né un dispositif de lavage des mains innovant : le déclencheur du robinet se fait avec le pied pour que l’usager n’ait pas besoin de toucher le robinet avec ses mains (potentiellement contaminées). C’est un dispositif tout est fer, il est donc résistant à tout type d’environnement que ce soit rural ou urbain, et facile à utiliser.

Le dispositif de lavage des mains.
Crédits photo : Save them yourself

Comment est né le projet ?

« Depuis le début de cette pandémie, on nous dit que le meilleur moyen d’éviter de contracter ce virus c’est de se laver les mains. Mais à chaque fois que je vais au supermarché ou dans des endroits ayant des dispositifs de lavage des mains, je remarque que la personne doit obligatoirement toucher le robinet pour avoir accès à l’eau. Après avoir terminé de se laver les mains, la même personne refait le même geste pour couper l’eau. Ce qui annule le lavage des mains… En fait, il suffit qu’une seule personne malade utilise le robinet pour contaminer tous les autres utilisateurs qui passeront après lui.
C’est donc comme ça, en observant ce non-sens, que j’ai commencé à réfléchir à un moyen d’actionner le système d’hybridation des dispositifs sans pour autant utiliser les mains. »

Après mûres réflexions, le premier prototype a vu le jour le 31 mars dernier. Comment fabriquez-vous ces dispositifs ?  

« J’ai quatre ateliers de soudure à ma disposition et je travaille avec un petit groupe de jeunes qui partagent ma vision pour la supervision des travaux, les livraisons et la communication. J’ai passé un accord avec le soudeur pour qu’il accepte de fabriquer mon dispositif avec ce que j’avais en poche, en m’engageant à le rembourse juste après la vente. Donc début, j’ai investi 13 000 francs CFA. Grâce à notre première commande, le ministère de la Renaissance culturelle et des Arts, le projet a pu voir le jour. Le ministère nous a versé presque la totalité de la somme pour qu’on puisse réaliser leur commande sans s’endetter. »

Une innovation déjà installée dans plusieurs établissements.
Crédits photo : Save them yourself

Quel est le prix de ce dispositif ?

« Au début, il était vendu à 35 000 francs CFA mais comme je veux faire en sorte que le maximum de personnes y aient accès, on a pu trouver un terrain d’entente avec les fournisseurs pour ramener le prix à 30 000 francs CFA.
En ce qui concerne le modèle économique, pour le moment, nous fonctionnons sur fonds propres.

Est-ce que vous avez un public cible ?

« Je ne peux pas vous dire clairement car le plus souvent, ce sont des particuliers qui font les intermédiaires entre les sociétés et nous. Du coup, nous n’avons pas la liste des structures clairement établie. On a différents types de clients, des particuliers aux ONG, quelques structures de l’Etat, sans oublier les instituts et les écoles. »

Le dispositif de lavage des mains qui s’active avec le pied.
Crédits photo : Save them yourself

Et jusqu’à aujourd’hui, est-ce que vous fabriquez et vendez beaucoup de dispositifs de lavage des mains ?

« On fabrique 20 dispositifs toutes les deux semaines. On a besoin de 4 à 5 jours pour la fabrication et le reste pour la liquidation. Mais il y a des moments où la demande est forte, alors on doit compresser le temps de travail. Mais tout ça, c’est une question de tendance car au début on a eu beaucoup de demande, aujourd’hui c’est en chute. Cependant, il reste les marchés et les commandes de grandes quantités pour les grandes structures. Nous avons déjà vendu 76 dispositifs. »

La jeune entrepreneure ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Son objectif pour les prochains mois est de figurer parmi les femmes les plus influentes du pays. La crise du coronavirus pourrait être le début de la célébrité pour la brillante Haoua.

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