Ma vie au Niger, en temps de Covid-19

Article : Ma vie au Niger, en temps de Covid-19
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8 juin 2020

Ma vie au Niger, en temps de Covid-19

Mondoblog lance le projet Mondoblog, unis contre le Covid-19, pour raconter l’évolution et les conséquences de la pandémie de coronavirus du point de vue des Mondoblogueurs sahéliens.


Je menais ma vie paisiblement avant l’arrivée de la pandémie de coronavirus. Du lundi au vendredi, je passais toute mes journées au boulot. Les nuits, je surfais sur les réseaux sociaux ou je méditais sur tout ce que j’avais observé autour de moi dans la journée pour d’éventuels sujets de reportages que je proposai le lendemain à la conférence de rédaction. Oui, je suis journaliste.

Mon week-end se partageait entre cérémonies de réjouissances et réunions de famille. Comme l’avaient chanté Amadou et Mariam, le couple de chanteurs maliens, « les dimanches à Bamako, c’est les jours des mariages » 

J’ai découvert télétravail

Dans mon secteur, les promoteurs de beaucoup d’organes de presse ont été obligés de mettre une partie de leurs effectifs en chômage technique. Soit pour respecter la distanciation sociale, l’une des mesures préventives contre le coronavirus, soit parce qu’ils ont eu des difficultés à payer les salariés. En effet, à cause du coronavirus, beaucoup d’activités comme les ateliers, les séminaires -qui rapportent de l’argent à ces organes- ont été suspendus, puisque les rassemblements étaient interdits.

En ce qui me concerne, mes heures de travail au bureau ont juste été réduites depuis que le président, Mahamadou Issoufou, a déclaré l’urgence sanitaire sur l’ensemble du pays, le 27 mars. Et jusque-là, je fonctionne toujours sur ce régime. Le reste du temps, je télétravaille. Ma principale difficulté, c’est la connexion internet, cela ne joue pas en ma faveur, ça bug de ouf ?!

Je dois dire que j’ai quand même utilisé les périodes de temps suspendu pour me reposer, pour me laisser aller à des réflexions personnelles sur des projets futurs… Et ça fait du bien ! Au bout d’un moment tout de même, mes collègues ont commencé à me manquer, je ne pouvais plus écouter leurs histoires délirantes, racontées habituellement au moment des pauses. Ne vous méprenez pas, on bosse sérieusement, mais il y a toujours des moments de relâchement, notamment à la cafétéria..

Mais je dois avouer que ce rythme m’a soulagée parce que ça me stressait de prendre un taxi pour me rendre au boulot pendant le pic de l’épidémie. Ici, ce n’est pas comme dans d’autres pays que j’ai visités, où le taxi accepte un seul passager. Chez nous, c’est trois passagers sur  le siège arrière et un passager à côté du chauffeur. Tous les conducteurs ne respectent pas les gestes barrières dans les transports en commun. Donc imaginez un peu ma peur lorsque je me suis retrouvée coincée entre deux étrangers à l’arrière du véhicule…

Après plusieurs semaines, je me rends compte que le plus difficile pour moi pendant cette crise sanitaire, c’est de bien faire mon boulot, sans être déstabilisée par toutes les informations qui courent les rues ou sur les réseaux sociaux. Tu peux lire et entendre les gens dire tout et n’importe quoi, par exemple que le virus ne supporte pas la chaleur, ou que l’ail et le beurre de karité aident à prévenir la maladie. Que de rumeurs qui parfois sèment le doute, même chez les personnes à l’esprit bien lucide, c’est déroutant. Les infox, les fake news, sont plus dangereuses que le virus lui-même !

J’ai découvert l’effet anxiogène des médias

Tous les médias ne parlent que du Covid-19 depuis des semaines depuis l’apparition du virus. A chaque conférence de rédaction, le coronavirus vient pointer son nez, je n’en peux plus ?

Les médias ont fait leur part en matière de sensibilisation, nous connaissons tous les gestes barrières sur le bout des doigts (enfin théoriquement…). Mais à force de parler du virus en permanence, une certaine psychose s’installe, c’est étouffant, ça paralyse, ça submerge au point d’en oublier de vivre.

Nous avons compris, nous devons nous habituer à vivre encore quelques temps avec le coronavirus. Par pitié, parlez d’autres choses, réinventons nos Unes de journaux ! Nous avons besoin d’entendre des nouvelles, pas uniquement de tristes nouvelles. C’est la téléspectatrice, l’auditrice et la lectrice qui parle ici !

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Commentaires

Rijaniaina
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Nice post !
Le paragraphe sur l'effet anxiogène, j'aime bien

encrepassepartout
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Merci , je pense qu’on a ressenti tous cet effet?