Covid-19 au Niger: La population peine à respecter les gestes barrières

Article : Covid-19 au Niger: La population peine à respecter les gestes barrières
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27 mai 2020

Covid-19 au Niger: La population peine à respecter les gestes barrières

Mondoblog lance le projet Mondoblog, unis contre le Covid-19, pour raconter l’évolution et les conséquences de la pandémie de coronavirus du point de vue des Mondoblogueurs sahéliens.


Le 19 mars 2020, lorsque le premier cas positif au Covid-19 a été déclaré au Niger, les populations étaient occupées à leur train-train quotidien… Cette annonce fut un choc pour ceux qui pensaient que le coronavirus ne résistait pas aux fortes températures.

Peu de temps après, le 27 mars, dans un message adressé à la nation, le président nigérien, Mahamadou Issoufou, a décrété l’état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du pays ainsi qu’un couvre-feu nocturne à Niamey, dans le but de limiter la propagation du coronavirus.

Les mesures restrictives ont très vite suscité la grogne dans les quartiers populaires et périphériques de la capitale. La plupart de ces jeunes réclamaient l’allègement du couvre-feu de 22h à 6h car c’est principalement le soir qu’ils mènent leurs activités, vendent du poulet et des frites aux abords des carrefours.

Finalement, le couvre-feu n’a pas duré très longtemps, il a été levé le 12 mai. Et c’est peut-être mieux ainsi pour tous ceux qui vivent de l’économie informelle, vendeurs de poulet braisé et autres… Le fait est que le Niger n’est pas très durement touché par le coronavirus, rien à voir avec les pays européens.

« Depuis que j’ai quitté mon village en 2015, je n’ai d’autre activité que ça. C’est avec mes revenus que je gère ma femme et mes 5 enfants. Mes parents au village ont aussi besoin de moi. J’ai vécu un bouleversement financier pendant le couvre-feu. Et maintenant que j’ai repris, j’ai perdu pas mal de clients »

Moussa, vendeur de poulet braisé à Niamey.
Vendeur de poulet braisé, boulevard Mali Béro, Niamey
Crédits photo : Nyalla

D’après les derniers chiffres du 26 mai 2020, le Niger recense 951 cas confirmés, 786 guérisons et 62 décès. Chaque jour ces données évoluent, mais heureusement à un rythme bien moins rapide qu’en Europe. Ceci dit, on ne peut pas dire que ce soit grâce au respect des gestes barrières comme la distanciation sociale qui, de toute évidence et comme vous le voyez sur les photos que j’ai prise, ne sont pas respectés au Niger.

Quartier Liberté, Niamey
Crédits photo : Nyalla

Le je-m’en-foutisme des Nigériens face aux mesures préventives

Quand on se promène dans les rues de Niamey, la première chose qui saute aux yeux c’est que la plupart des gens sortent sans protection aucune. Comme si de rien n’était, comme si aucun virus ne circulait.

Les cérémonies de mariage ont quand même lieu, certes avec moins d’invités mais le peu de personnes conviées sont souvent assises côte à côte. Ici, la distanciation sociale semble être une notion inconnue. 

Dans les fadas (regroupements de jeunes), le thé se prend comme d’habitude, avec deux ou trois verres pour une dizaine de personnes, et les mégots de cigarettes passent d’une bouche à une autre.

Quartier Ryad, Niamey
Crédits photo : Nyalla

Je suis jeune comme eux, mais je m’oblige à respecter toutes les mesures barrières ! Quand je pense à mes parents… ils ont pris de l’âge. Je ne me le pardonnerais certainement pas si, par négligence, je leur transmettais ce virus. Sachez-le, les personnes âgées sont les plus exposées, ce sont des personnes à risque. Pour rien au monde, je voudrais les voir souffrir, je ne supporterais pas de les avoir contaminés ?.

Pour se protéger, voici quelques gestes simples à adopter : 

  • Se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon ou avec du gel hydro alcoolique
  • Tousser et éternuer dans le creux du coude
  • Maintenir une distance d’au moins un mètre avec les autres
  • Utiliser des bavettes de protection 

Les personnes qui respectent les gestes barrières sont regardés avec étonnement, presque pointés du doigt, tout simplement parce que beaucoup de personnes ont pris la pandémie avec une légèreté déconcertante. 

Pourtant, l’Etat et les médias font beaucoup d’efforts pour produire et diffuser des spots de sensibilisation. Ces spots sont émis en français et dans les langues parlées du pays pour que le message puisse passer largement. Malgré cela, beaucoup ne croient pas à l’existence de ce virus. Le coronavirus a boulversé de nombreuses personnes, jusque dans leurs habitudes religieuses. Pendant le Ramadan : pas de prière collective, pas de rupture de jeûne entre amis ou avec la famille proche.

Pour ma part, j’ai vécu la fête de l’Aïd el Fitr de façon un peu particulière. A la prière collective, j’ai pu constater un mélange de respect et non respect de la distance, les uns avec des bavettes, les autres pas du tout. Tantôt, je voyais les gens se serrer la main pour se saluer, tantôt ils se faisaient juste un signe de respect. Sur le chemin au retour de la mosquée, l’ambiance semblait moins festive que d’habitude, tout était très calme. Cette année, par exemple, je n’ai vu aucun talibé venir quémander à manger. Se sont-ils informés sur le coronavirus ? Ont-ils eu peur d’approcher les gens ?

Affaire à suivre…

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Commentaires

Dr K.
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c'est navrant de voir que nombreux n'y croit toujours pas.

encrepassepartout
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C’est justement ça le plus dangereux