Au Niger, le Covid-19 vu du village

Article : Au Niger, le Covid-19 vu du village
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18 juillet 2020

Au Niger, le Covid-19 vu du village

Mondoblog lance le projet Mondoblog, unis contre le Covid-19, pour raconter l’évolution et les conséque⁸nces de la pandémie de coronavirus du point de vue des Mondoblogueurs sahéliens.


Cette semaine j’ai entrepris un court voyage dans la partie Est du Niger. J’ai rencontré, dans un petit village du nom de Kogori, situé à une centaine de kilomètres de Niamey, des personnes extraordinaires. J’ai donc décidé de vous parler dans ce billet de mon aventure avec ces habitants, qui, croyez-le ou non, doutent de l’existence du coronavirus.

© Nyalla

Curieuse de nature, surtout quand je change d’environnement, j’ai voulu aborder la question du coronavirus avec les habitants du village alors que je faisais un tour au marché. Grande fut ma surprise quand un jeune vendeur de piments secs m’affirma n’avoir jamais entendu parler du coronavirus.

« Je ne suis pas au courant de l’existence de cette maladie. J’habite dans un petit hameau à une heure de route d’ici. Je viens chaque lundi, jour du marché, pour vendre du piment sec. Bien que je possède un poste radio, c’est pour écouter de la musique. Je profite du marché pour remplir la carte mémoire de la radio de variété musicale parce que ça me motive pour travailler dans mon champs »

© Nyalla

Après avoir entendu de tels propos, j’ai regardé autour de moi dans le marché et je me suis rendue compte que tout le monde vaquait à ses occupations sans se soucier du fameux virus. Les stands étaient alignés les uns à côté des autres dans la plupart des hangars, on pouvait compter deux ou trois commerçants par stands, chacun avec des articles divers. On ne peut donc pas parler ici de distanciation sociale. Je comprends mieux maintenant tous les regards sur moi alors que j’avançais dans les allées avec mon masque de protection pour me couvrir la bouche et le nez.

J’aperçus au loin un autre stand qui m’a attiré, il y avait un joli mélange de couleurs. On y trouvait des perles et plein d’autres articles prisés par ceux qui viennent de loin et qui n’ont la possibilité de les trouver qu’une fois dans la semaine, au marché (le sel, les allumettes, les clous…). Comme j’aime bien les perles, j’en ai acheté quelques unes et j’en ai profité pour aborder le sujets du Covid-19 avec le commerçant. Lui au moins, il savait de quoi il s’agissait :

« Le coronavirus est une maladie très contagieuse. J’ai entendu à la radio beaucoup de messages de prévention et les mesures barrières passent aussi à la radio sous forme de sketchs. J’ai de la famille à Niamey, à chaque fois qu’on s’appelle, mon cousin me parle de l’évolution de la maladie. Mais ici, on n’a jamais vu une personne infectée par le coronavirus. La peur n’a pas sa place parce que tout est question de destinée, si Dieu décide que ce virus te conduira à la mort, personne ne peut l’empêcher. » 

© Nyalla

La foi et le destin semblait l’avoir anesthésié, il paraissait imperturbable. Aucune expression sur son visage ne laissait croire qu’il avait peur de se faire contaminer ou de contaminer quelqu’un.

Malheureusement, nombreux sont ceux qui ne croient pas à l’existence du coronavirus. Les gens ont cette mauvaise habitude de ne croire à un danger que lorsque ça les touche ou quand ça touche un proche. Tant que ça n’est pas visible, c’est comme si ça n’existait pas…

© Nyalla

Il faut dire aussi que depuis l’apparition du coronavirus le 19 mars au Niger, aucun marché n’a été fermé. A Niamey par exemple, pour toutes mesures préventives, l’Etat a mis des équipes à disposition pour une opération de désinfection des grands marchés chaque soir à 17h. Et c’est tout. Le masque de protection n’est pas obligatoire. Les commerçants et les clients font comme ils veulent. Il arrive de croiser des gens qui portent un masque pour leur propre protection mais c’est plutôt rare…

Après ce voyage, j’ai retenu une chose : On frôle souvent le danger, soit par ignorance soit par simple insouciance. Or, en temps de crise sanitaire, il vaut mieux être vigilant.

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