Coronavirus, qui es-tu ? Comment les habitants de mon quartier en parlent
Mondoblog lance le projet Mondoblog, unis contre le Covid-19, pour raconter l’évolution et les conséquences de la pandémie de coronavirus du point de vue des Mondoblogueurs sahéliens.
Ce billet est un condensé de témoignages de quelques habitants de mon quartier, Ryad, à Niamey. Je ne suis pas allée bien loin. Comme le proverbe africain qui dit « la chèvre broute là où elle est attachée », toutes les personnes que j’ai abordées appartiennent à mon entourage. Il m’a suffit de jeter un petit coup d’œil autour de moi pour constater que nous sommes tous touchés d’une manière ou d’une autre par ce virus.
« Je me rappelle de ces moments de fous rires entre amis, quand nous étions sous le grand arbre du quartier ou entassés sur une même natte, ici, devant ma boutique. Ces moments où l’hospitalité était au rendez-vous. Les enfants des voisins venaient jouer chez moi sans crainte. On pouvait tous manger dans les mêmes plats. Ça, c’était avant. Maintenant ce n’est plus possible avec cette malédiction que les Blancs appellent coronavirus. »
Ce sont là les propos d’El hadj, le boutiquier du quartier. Il a tellement mal prononcé le mot coronavirus que j’ai éclaté de rire !
Le coronavirus n’a épargné personne, même pas ce jeune amateur du ballon rond, le petit Abdoul, qui chaque soir joue au foot avec ses camarades.
« Je ne peux plus aller jouer au foot dans la rue avec mes amis. Avant, chaque soir après l’école, on se retrouvait pour s’amuser avec les copains. Tout ça me manque, aujourd’hui, je ne peux que jouer au foot virtuel avec ma console à la maison. »
La tristesse du petit Abdoul n’est rien comparée au coup que le coronavirus a donné à nos vies religieuses. Il fut un moment où la messe du dimanche dans les églises était annulée. Les mosquées étaient vides, les fidèles musulmans priaient dans leurs concessions.
« J’ai été peinée par la fermeture des lieux de cultes. La voix mélodieuse de mon père qui appelait les fidèles à la prière cinq fois par jour était comme une alarme dans le quartier. Ce moment de silence où l’on ne l’entendait plus, je peux sans exagérer le qualifier de supplice »
Fatoumata, fille du muezzin
C’est comme ça que le coronavirus nous a tous bouleversé intimement et dans nos habitudes de vie. Non content de nous priver de tous ces petit plaisirs que l’on pouvait s’offrir, comme par exemple se regrouper en grand nombre pour causer ou s’amuser, il nous a même imposé des dépenses pour nous protéger de lui. Il faut désormais se procurer de bavettes de protection ou encore un désinfectant pour les mains. Mais le désinfectant c’est un luxe que le citoyen lambda nigérien ne peut pas souvent s’offrir.
Parlons de la bavette : depuis l’apparition dans nos vies du coronavirus, le 19 mars 2020, le prix de la bavette dans les pharmacies est passé de 100 à 300 francs CFA. Mais est-ce que les pauvres, les sans-abris qui dorment souvent le ventre vide, peuvent se permettre ce luxe également ? Est-ce que cet enfant abandonné dans la rue, avec 100 ou 300 francs CFA en poche, ne va pas plutôt courir vers le premier stand de vente de nourriture pour ne pas mourir de faim ? La priorité pour beaucoup, c’est de manger… Avant de mourir du coronavirus, on peut mourir de faim.
Coronavirus, qui es-tu ?
Commentaires