Comment le Covid-19 a bouleversé la vie d’Omar, chauffeur de taxi

Article : Comment le Covid-19 a bouleversé la vie d’Omar, chauffeur de taxi
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15 juin 2020

Comment le Covid-19 a bouleversé la vie d’Omar, chauffeur de taxi

Mondoblog lance le projet Mondoblog, unis contre le Covid-19, pour raconter l’évolution et les conséquences de la pandémie de coronavirus du point de vue des Mondoblogueurs sahéliens.


Si on recensait tous les secteurs d’activités que le coronavirus a mis à terre, je suis sûre qu’on aurait une liste interminable. Prenons l’exemple des conducteurs de taxis. À Niamey, beaucoup d’entre eux ont perdu des clients, les heures de circulation dans la ville ayant été un temps limitées de 6h à 19h à cause du couvre-feu (entre le 28 mars et le 12 mai). C’est le cas d’Omar, un apprenti chauffeur de 29 ans.

« Je pouvais rouler jusqu’à 5 kilomètres avant de trouver deux ou trois passagers. Les gens avaient peur du coronavirus, personne ne voulait sortir et partager un taxi. D’habitude, les gens se déplacent le week-end pour les cérémonies de mariages et les baptêmes. Donc en temps normal, j’ai du travail à ce moment-là. Mais là, ce virus a maintenu les gens dans leurs maisons. Et pour respecter le couvre-feu, je devais garer le taxi avant 19h. »

Le taxi d’Omar.
Crédits photo : Nyalla

« Le véhicule ne m’appartient pas, je travaille pour mon patron et je dois lui verser chaque jour 8 000 francs CFA. J’ai aussi des frais de carburant que je dois sortir de ma poche. Donc pour gagner ma vie, je conduis le taxi de 6h du matin à 23h le soir. Mais au moment du couvre-feu, c’était pas possible de travailler tard. Finalement, le gouvernement a allégé les horaires et le couvre-feu est passé de 21h à 5h du matin. Mais il y avait des jours où je ne gagnais que l’argent que je verse à mon patron. »

En temps normal, Omar gagne entre 20 000 et 25 000 Francs CFA par jour. Mais quand le couvre-feu a été instauré, il finissait souvent la journée avec moins de 10 000 Francs CFA. Face à cette précarité, Omar a garé le taxi, fatigué d’accumuler les pertes.
« Je n’ai ni femme ni d’enfants mais je suis l’aîné de ma famille. J’ai la responsabilité de mes parents, de mes cinq frères et deux soeurs. Tous comptent sur moi. La ville est endormie depuis l’arrivée du coronavirus et je n’arrive pas à gagner assez d’argent pour contribuer aux dépenses de la maison. »

La mince recette de la journée.
Crédits photo : Nyalla

Omar a commencé à accumuler des dettes auprès de ses connaissances et même de son patron pour pouvoir joindre les deux bouts.
« Un jour, je suis allé voir mon patron, j’avais besoin de 30 000 francs CFA pour payer des médicaments à ma maman qui est hypertendue. Je crois que je lui ai fait de la peine, il m’a convaincu de reprendre le taxi en me proposant de ne pas lui verser les 8 000 francs CFA jusqu’à ce que les choses s’arrangent. »

Le problème aujourd’hui, c’est que la situation n’a pas changé, les gens ont toujours peur de sortir sauf en cas de force majeure. Omar, lui, a trouvé une astuce pour ne pas rentrer à la maison bredouille en fin de journée.
« Comme les marchés n’ont pas fermé, j’ai pris les axes routiers qui vont vers les marchés pour ramasser les commerçants qui partent ouvrir leurs commerces au petit matin. Et à l’heure de la fermeture des marchés vers 17h, je reprends la même route. C’est comme ça que j’ai pu combler un peu mes pertes financières. »


Alors Omar n’est pas prêt d’oublier le coup de frein que le coronavirus a mis dans sa vie. Aujourd’hui, il pense à une reconversion vers un métier qui résisterait à tous les changements…. ?? Quelle réflexion ! Qui aurait cru qu’un virus, encore inconnu il y a quelques mois, serait devenu un tel obstacle sur la route d’Omar, jusqu’à devoir changer de direction ? Qui aurait cru qu’un jour on devrait repenser nos métiers en fonction d’un virus… 

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